dimanche 13 novembre 2011

L'affaire Carlton: SMS pour parties SM au PS...


L’affaire du Carlton reste entre les mains des juges de Lille. La Cour de cassation a rejeté hier la demande de dépaysement du dossier, laissant la voie libre aux magistrats en charge de l’enquête. Cette dernière pourrait par ailleurs bientôt prendre une autre dimension. Les enquêteurs s’intéressent en effet à d’étranges SMS retrouvés dans le portable de Fabrice Paszkowski, ce chef d’entreprise du Pas-de-Calais, proche de Dominique Strauss-Kahn, écroué depuis le 21 octobre et mis en examen pour «proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs, escroquerie et abus de biens sociaux». Il est soupçonné d’avoir organisé des parties fines à Paris et Washington pour DSK et d’avoir réglé une partie des factures sur les comptes de son entreprise.
Juges et policiers s’intéressent plus particulièrement à une série de SMS qui auraient été envoyés par Dominique Strauss-Kahn à Fabrice Paszkowski. Dans ces messages - révélés par Libération -, il est question, outre des soirées spéciales, d’hommes politiques proches de l’ancien directeur du Fonds monétaire international. Ces SMS sont d’autant plus troublants que, si Fabrice Paszkowski, militant socialiste, ne cachait pas sa proximité avec Dominique Strauss-Kahn, il n’avait pas pour autant de rôle politique particulier dans la région. C’est grâce à son amitié avec Miguel Mellick et Jacques junior Mellick (les deux fils de l’ancien maire de Béthune) qu’il serait devenu un proche de DSK dès 2004. Il est en tout cas, aujourd’hui, au cœur de l’affaire du Carlton.
Les parties fines. Parmi les nombreux SMS envoyés par DSK à Fabrice Paszkowski, il est le plus souvent question de soirées spéciales.
«J’emmène une petite faire les boîtes de Vienne (Autriche) le jeudi 14 mai. Ça te dit de venir avec une demoiselle ?» écrit ainsi DSK au début du moi de juin 2009 avant de lui demander, quelques jours plus tard, s’il a bien «réservé la suite avec piscine», sans préciser le lieu. Le 4 juillet, les deux hommes semblent projeter un autre rendez-vous, en Espagne cette fois : «Veux tu (peux tu) venir découvrir une magnifique boite coquine à Madrid avec moi (et du matériel) ?» propose ainsi Dominique Strauss-Kahn à Fabrice Paszkowski. Puis c’est en Belgique, fin juillet 2009, qu’ils projettent de se retrouver : «OK. Bien reçu. Pour Gand, il faut que tu me dises vite de quoi il s’agit. C’est une boîte ou une soirée privée ?»
Les relations entre Dominique Strauss-Kahn et Fabrice Paszkowski se poursuivent à Washington. Le 13 janvier 2010, DSK écrit à son ami : «Je serais à DC du jeudi 20 à 15 heures au mercredi 27, 22 heures. Ça serait chouette que tu viennes. Mais si tu peux pas veux pas il faut juste que tu le dises à temps.» Enfin, parmi la masse des messages récupérés par la justice, cette petite confidence de Dominique Strauss-Kahn, le 30 juillet 2010 : «A 2 heures du mat, on a pris une bouteille de champagne de plus. Je vais avoir des dettes énormes.»
Les politiques. Les enquêteurs ont également identifié des messages sans lien apparent avec des soirées coquines. Ces SMS semblent attester que Dominique Strauss-Kahn a aidé à mettre en contact Fabrice Paszkowski avec au moins trois de ses amis politiques.
Le premier message remonte au 21 juin 2009. «Parfait pour Mosco. Je te dirai lundi», écrit DSK. Le message très elliptique évoque Pierre Moscovici, sans pour autant préciser de quoi il retourne, ni ce que celui-ci a à voir avec le chef d’entreprise du Pas-de-Calais.
L’autre SMS date du 30 juin 2009. «Appelle Christophe Borgel, écrit DSK, explique lui et demande lui qui tu peux appeler chez Aubry.» Fidèle de Dominique Strauss-Kahn, Christophe Borgel a alors déjà intégré la direction du Parti socialiste avec Martine Aubry. Là encore, le message est troublant. Qu’attend Paszkowski ? Pourquoi cherche-t-il à joindre quelqu’un «chez Aubry» ?
Reste une troisième personnalité qui, à en croire les SMS de DSK, aurait dû connaître Paszkowski. Il s’agit de Jean-Marie Le Guen, député socialiste de Paris. «Le Guen dit que tu l’as pas appelé», écrit DSK le 23 septembre 2009, avant d’ajouter, le 8 octobre : «Tu me raconteras Le Guen.» Quel était l’objet de la discussion entre le député et l’homme d’affaires ? Voila une autre question que se posent aujourd’hui les enquêteurs.
Enfin, dans un dossier qui n’a pas fini de surprendre, ce dernier SMS, envoyé par DSK à Paszkowski, le 19 janvier 2010 : «OK, il faut qu’il prenne contact avec Gerry Rice qui est prévenu.» Rice n’est autre qu’un des porte-parole du FMI… Que diable peut-il avoir à faire avec un petit homme d’affaires du Pas-de-Calais ?
(c)  Libé

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